AFP - jeudi 03 juillet 2008 - 15h16
LE
CREUSOT (AFP) - La France va construire une deuxième centrale nucléaire
de troisième génération, de type EPR, conçue par le groupe Areva, a
annoncé jeudi le président Nicolas Sarkosy au Creusot.
EDF
s'est dit prêt jeudi à construire le deuxième réacteur nucléaire EPR en
France. "EDF est prêt à s'engager dans ce projet, dans un contexte
d'augmentation de la demande d'électricité et des contraintes liées au
réchauffement climatique", indique le groupe dans un communiqué.
Le PDG Pierre Gadonneix, cité dans le communiqué, "se réjouit de l'annonce" de Nicolas Sarkozy.
EDF
fait valoir qu'il dispose "de sites potentiels d'implantation et des
compétences reconnues de ses équipes" et qu'il bénéficie de
"l'expérience nécessaire après avoir engagé la construction de l'EPR de
Flamanville (Manche)"
Nicolas Sarkozy a justifié jeudi sa
décision de construire en France un deuxième réacteur nucléaire de
troisième génération EPR par la flambée des prix du pétrole et du gaz,
lors d'un discours prononcé au Creusot.
"Il faudra qu'on prenne
la décision d'implantation d'ici à 2009, et il faudrait que le première
pierre soit posée en 2011", a-t-il indiqué.
"L'ère du pétrole bon
marché, c'est fini. Le nucléaire est plus que jamais une industrie
d'avenir et une énergie indispensable", a justifié Nicolas Sarkozy.
"Chaque EPR fait économiser 2 milliards de m3 de gaz par an quand il
remplace une centrale à gaz et onze millions de tonnes de CO2 (de
rejets de CO2, ndlr) par an quand il remplace une centrale à charbon",
a-t-il insisté.
"L'électricité qui sort d'un EPR est 30 à 50%
moins chère que l'électricité qui sort d'une centrale à gaz ou au
charbon. On peut devenir exportateur d'électricité alors qu'on a ni
pétrole, ni gaz. C'est une chance historique de développement", s'est
réjoui le président.
Le président de la République a également
souligné au passage "la chance de la France du fait que (le général) de
Gaulle ait anticipé le nucléaire", qui fournit aujourd'hui 80% de
l'électricité en France.
Comme il le répète fréquemment, Nicolas
Sarkozy a défendu sa politique qui consiste à proposer à tous les pays
en développement la coopération de la France en matière d'énergie
nucléaire civile, estimant que "le nucléaire peut être une arme de
paix, car c'est une arme au service du développement".
La
construction du premier EPR français a démarré en décembre à
Flamanville (Manche) pour une entrée en service programmée en 2012.
Au
moment de l'annonce par le président de la construction d'un deuxième
EPR, plusieurs centaines de personnes, 300 selon la police, 600 selon
les organisateurs, ont manifesté à l'appel des syndicats CGT, CFDT,
CFTC, FSU et Solidaires exprimant leur mécontement face aux mesures
gouvernementales contre le chômage.
Les manifestants ont été repoussés par les forces de l'ordre à l'aide de gaz lacrymogènes.
Greenpeace
a estimé que la construction d'un deuxième réacteur de ce type était
"aberrante" et "stupide", et qu'elle constituait une "faute lourde" en
matière de politique énergétique.
Cette décision "unilatérale" de
Nicolas Sarkozy "sonne en partie la mort du Grenelle de
l'Environnement", a déclaré jeudi le directeur des campagnes de
Greenpeace France, Yannick Jadot, qui a rappelé que la feuille de route
adoptée à l'automne dernier donnait "la priorité absolue aux économies
d'énergie et au développement des renouvelables".
Un autre
réacteur à eau sous pression (European Pressurised water Reactor, EPR),
fruit d'une technologie franco-allemande développée par les groupes
Areva et Siemens, est actuellement construit en Finlande et devrait
être mis en service en 2011, avec un an et demi de retard sur le
calendrier initial.
Fin novembre, Areva a également vendu deux autres réacteurs EPR à la Chine pour un montant de 8 milliards d'euros avec le combustible, le plus gros contrat de l'histoire du nucléaire civil.
Areva, Total et Suez ont également annoncé la signature d'un partenariat en vue d'en vendre deux autres aux Emirats arabes unis.
Conçu
pour une durée de vie minimale de 60 ans, l'EPR est, avec 1.600
mégawatts (MW), plus puissant que les réacteurs construits dans les
années 1980. Il pourrait, à terme, prendre le relais d'une bonne partie
des 58 réacteurs qui fournissent à la France 80% de son électricité.
Selon
ses concepteurs, l'EPR permet une meilleure utilisation du combustible,
une démultiplication des systèmes de sûreté et une moindre production
de déchets, ce que contestent les antinucléaires qui y voient une
technologie déjà obsolète.